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xkekg34fa
Posted: Thu 10:33, 29 Aug 2013
Post subject: www.rtnagel.com/louboutin.php Brésil Jai mal
La conversation débouche naturellement sur la politique. Elle prend un tour acrimonieux. Comme tous les Brésiliens, les Pacito n'ont aucune confiance en leurs élus. "On est homme politique de père en fils, par héritage, explique Paulo. C'est devenu une corporation qui se partage
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les privilèges." Et puis il y a la corruption, cette nécrose qui fait Diailze. "Les hommes politiques ont l'impunité dans ce pays." Paulo essaye de cette gangrène : "Le Brésil est un pays neuf, issu de la colonisation. Les gens sont venus ici pour . Il y a toujours cette idée de prédation, de s'intéresser d'abord à sa situation. Les leaders politiques pensent à eux, à leurs petits-enfants, pas au pays."
Lui-même dit voté pour le candidat d'extrême gauche Marcelo Freixo, contre
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le maire actuel Eduardo Paes, appartenant au Parti du mouvement démocratique brésilien (centre), membre de la coalition gouvernementale. "Mon père votait autrefois de temps en temps pour le PT , mais il ne le fait plus. Il ne vient pas plus à la manif, je le fais à sa place", s'amuse-t-il. Sa jeune politique, il dit l' apprise auprès d'un oncle, un proche de Leonel Brizola, le flamboyant leader de gauche (1922-2004), ancien gouverneur et maire de Rio, fondateur du Parti démocratique du travail. Dilma Rousseff faisait partie de cette formation avant de le PT. "Cela ne veut pas que je suis dans l'obligation de la . Je
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ne crois pas que ?a soit avec elle qu'un jour j'obtienne un salaire digne", l?che-t-il avant de dispara?tre parmi la foule des manifestants.
Deux jours plus tard, revenus chez eux, dans leur immeuble surprotégé, dans le quartier bien fréquenté de Palmeiras, à 3 800 euros le mètre carré, ils expliquent les raisons de ce coup de sang. Ils sont heureux d' forcé leur nature et d' été là, au milieu de 100 000 autres, pour leur mécontentement d'un système politique qui ne tourne pas rond. "J'étais perdue dans la foule mais j'ai eu pour la première fois l'impression de , d'être entendue",
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dit Luiza. Il fallait qu'ils le fassent. Ils racontent pourquoi.
"J'AI EU POUR LA PREMI?RE FOIS L'IMPRESSION DE COMPTER"
Comme tous ses copains de fortune, il se marre quand on lui parle de la de pacification (UPP), ces unités installées dans trente-trois favelas de la cité carioca dont sa Rocinha, "occupée" depuis novembre 2011. "C'est une fausse sécurité, comme une paix factice, précise-t-il. On voit moins d'armes au grand jour, c'est vrai, mais elles sont là, cachées quelque part, parce que le trafic, lui, il n'a pas changé." Les UPP sont un peu à l'image de tout le pays, souligne-t-il, une sorte de thé?tre des bonnes intentions, où les choses vont peut-être un peu mieux, mais pas comme on le raconte dans les traditionnels. "Tellement de choses sont fausses, tellement d'espoirs ont été dé?us toutes ces années, on nous a trop bercés, il faut que cela s'arrête."
Leur fille les rabroue gentiment, leur reproche leur pessimisme. Elle fonde de grands espoirs dans le mouvement social qu'elle voit . "Je ne m'intéressais pas à la politique auparavant. Il y a trop de corruption à droite comme à gauche. Mais ces manifestations marquent pour moi un réveil de la société. J'ai envie de qu'elles vont les choses." A ses c?tés, Paulo et Diailze laissent leur fille. Eux sont revenus de ce genre d'espoir. Paulo soupire : "Je suis triste d' ?a à un étranger mais j'ai mal pour mon pays."
300 ? 500 EUROS PAR MOIS
Sa femme, , a un parcours presque opposé. Elle est issue d'une riche famille de Sao Paulo, à moitié ruinée par l'hyperinflation qui a sévi dans le pays à la fin des années 1980. Quand on a retiré trois zéros à la monnaie nationale, la fortune a fondu d'autant et enterré les rêves de rente à vie. Diailze a étudié l'orthophonie, ouvert son cabinet qui s'est mis à à plein régime, au diapason de l'économie de son pays.
AUCUNE CONFIANCE DANS LA CLASSE POLITIQUE
Né d'une mère partie sa chance à Londres voilà plus d'un an et d'un père en gestion lui venant en financièrement, Pablo affirme de 300 à 500 euros par mois, selon ses vacations de barman qu'une bo?te d'intérim lui propose. "C'est encore la même chose, dit-il, d'après le discours officiel je fais partie de cette "nouvelle classe moyenne", mais je ne sais vraiment pas ce que cela veut au final. Moi, je me sens davantage aux classes les moins élevées." Il ajoute, sans aucune complainte : " imaginez à Rio, une des villes devenues en quelques années une des plus chères au monde, avec pareille somme par mois ?"
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dans un établissement privé de Botafogo, un quartier
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du de Rio de Janeiro, il vit à la Rocinha, la plus grande favela du Brésil avec quelque 120 000 habitants (peut-être plus, personne ne sait vraiment), surplombant les quartiers les plus chics de la ville avec la mer pour seul trait d'union.
Paulo est concessionnaire . Né dans une petite ville d'une famille modeste, il colle assez bien au rêve brésilien. Employé de banque, il a créé son entreprise à de rien, quand il avait 28 ans. S'amor?aient alors les années 1990, qui virent le décollage économique de son pays. Il a "travaillé dur" pour ce boom jusqu'à aujourd'hui une entreprise de onze salariés. A 39 ans, il a même entamé les études que ses parents n'avaient pu lui et est devenu avocat.
Les Pacito ont toujours voté centre droit. Ils avaient cru en , élu
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président du Brésil en 1990, avec un discours rénovateur,
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avant d'être destitué deux ans plus tard pour corruption. Une énorme déception. En 2002, quand Lula est arrivé au , ils ont observé l'homme de gauche avec un mélange d'inquiétude et d'espoir. "Nous ne partagions pas ses opinions mais nous espérions qu'il allait peut-être le système, explique Paulo. Il n'en a rien été. C'est avec lui que nous avons connu les pires scandales."
Lorsqu'il a vu les prix des tickets de bus ces derniers mois, il a bondi. Après
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les premières manifestations de Sao Paulo, Pablo a naturellement suivi le mouvement. "Les sont non seulement chers, mais en plus ils sont déficients. Pour tout
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Rio, nous avons deux lignes de métro, c'est ridicule. Pour ma fac, je dois parfois deux bus. Même maintenant, après l'abandon par les autorités d' ses tarifs, je paie donc 11 reais par jour de transports, soit plus de 250 reais par mois, presqu'un tiers de mon argent."
A Sao Paulo, ce même jeudi, la famille Pacito était un peu surprise de se au milieu de la masse immense qui déferlait sur la principale avenue de la ville. Paulo, 50 ans, et sa femme, Diailze, 49 ans, n'ont jamais manifesté. Ces complaintes collectives sur la voie publique, ce n'est pas vraiment dans les moeurs de la petite bourgeoisie brésilienne à laquelle ils appartiennent. Ils se savent "privilégiés" et, à ce , contraints par la décence de se . Il ne leur serait jamais venu à l'idée de sans l'insistance de Luiza, 17 ans, leur fille unique. "J'ai tant pleuré qu'ils ont fini par céder." "Très bien, nous irons tous", a alors décrété Paulo. Diailze a écrit sur un carton un slogan pour son ras-le-bol de la corruption et ils sont partis tous trois vers l'avenida Paulista.
Les Pacito ne sont pas à , donc, et ne cherchent pas à l'être. Ils pourraient en silence à chaque mois les 500 euros d'une assurance qui leur donne accès aux meilleurs soins ou les 350 euros de l'école privée de leur fille. Cet enseignement de qualité lui ouvrira les portes des meilleures facultés de droit. "Un jeune issu du système public n'a quasiment aucune chance d'intégrer l'université, tant le niveau est faible et les moyens dérisoires, constate Diailze. Même chose pour la santé publique, qui est dans un état déplorable. Nous nous en sortons car nous pouvons , pas les gens pauvres." "Pourtant, il y a de l'argent dans ce pays, beaucoup d'argent, explique Paulo. Mais 4 % de la détiennent 90 % de la richesse." Les Pacito ne peuvent les yeux sur cette injustice, ne serait-ce que par conviction religieuse : ils sont baptistes dans un pays où les Eglises évangéliques prospèrent sur le besoin de morale.
A 24 ans, Pablo est de la "génération ", comme il dit, depuis déjà huit ans, un tiers de sa jeune vie. Père dans quelques mois d'un premier fils, il croque la vie à pleines dents, avec l'assurance de ceux qui ont appris à chaque seconde de l'existence. "Je descends parce que ma génération mérite mieux que ce que nos dirigeants nous offrent."
De ses fenêtres, la famille voit la rénovation somptueuse du stade de Palmeiras, un des grands clubs de de la ville. "Il n'y a
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pas de bonnes écoles, pas de bons h?pitaux, pas de bons transports mais on va dépenser 11 milliards d'euros pour la Coupe du monde, enrage Paulo. On nous donne le football et le carnaval pour que nous ne pensions pas. C'est de l'aliénation mentale."
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et , envoyés spéciaux. Ils étaient de la marée humaine qui a déferlé depuis plus d'une semaine dans les rues du . Comme plus d'un million de compatriotes, avec le soutien de trois citoyens sur quatre, selon les sondages,
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ils ont protesté contre un système dévoyé. Pablo de Amorin Ribeiro et la Pacito sont des membres symptomatiques de ce mouvement qui traverse les catégories, étudiants, classes moyennes, petite-bourgeoisie, gauche et droite mêlées dans une révolte commune.
A Rio de Janeiro, ce jeudi-là, le jeune Pablo avait noué un foulard autour de sa ceinture avant de de chez lui. Non pas qu'il soit un habitué des coups de force contre les policiers – il n'a jamais vraiment manifesté auparavant –, mais les de violence à coups de gaz lacrymogène provoquées par certains membres des forces de l'ordre, observées à la télévision et sur les depuis le début des rassemblements, l'ont incité à être prévoyant, "on ne sait jamais", sourit-il.
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